Visuo-spatial, visuo-perceptif, visuo-constuctif… comment s’y retrouver ?
Nous présenterons quelques rappels synthétiques ainsi qu’une vision d’ensemble.
1/ L’aspect oculomoteur « comment je regarde »
2/ L’aspect visuo-perceptif « comment j’identifie »
3/ L’aspect visuo-spatial « comment j’oriente et localise »
4/ L’aspect visuo-moteur « comment je fais par rapport à ce que je vois »
5/ L’aspect visuo-constructif « comment je construis »
6/ Modélisation récapitulative
Nous ne rentrerons pas dans le détail neurophysiologique de la vision au sens littéral (« comment je vois ») pour nous concentrer sur les aspects neurovisuels sous-jacents aux compétences motrices de l’enfant (adresse, précision, graphisme, construction…) et dont le déficit peut perturber les apprentissages (dyslexie, dysgraphie, dyspraxie…).
1/ L’aspect oculomoteur « comment je regarde »
L’oculomotricité correspond aux mouvements des globes oculaires. Il s’agit donc d’une coordination particulièrement fine : la motricité conjuguée des yeux, assurant l’organisation du regard dans un but fonctionnel.
Les mouvements oculaires (volontaires ou automatiques selon les situations) les plus souvent décrits sont :
- la fixation permettant aux yeux de fixer un élément et ainsi placer l’objet d’intérêt dans la partie centrale du champ visuel (la fovéa).
- les saccades permettant aux yeux de modifier rapidement (< 0,05 s.) leur direction vers un point de fixation à un autre (il s’agit du mouvement le plus rapide chez l’homme).
- la poursuite permettant aux yeux de suivre lentement et avec précision un objet dynamique. Il s’agit d’un mécanisme proche des saccades mais effectué de façon continue et fluide sur une cible en mouvement.
L’exploration visuelle est constituée d’une succession de saccades oculaires et de fixations.
Le psychomotricien observe si l’enfant (selon son âge) peut suivre un objet en mouvement devant ses yeux (sans bouger la tête) ; s’il est en mesure d’effectuer des saccades visuelles ; s’il peut loucher ; s’il a mis en place une stratégie de balayage visuel efficace (lecture de gauche à droite par exemple) et redirige vers des bilans complémentaires en cas de suspicion de troubles.
Ces aspects sont spécifiquement étudiés par l’orthoptiste qui assure la détection et la rééducation des troubles du regard. Il contribue par exemple à assurer un différentiel entre une fragilité attentionnelle au niveau visuel et une fixation oculaire pathologique, traiter un strabisme pénalisant pour l’enfant, réaliser un champ visuel, etc.
Il existe bien entendu de nombreux autres champs d’études spécifiques (vergences, nystagmus optocinétique, réflexe vestibulo-oculaire…) et autres troubles centraux (Voir Chokron, 2015 pour revue) que nous n’aborderons pas ici.
⚠️Remarque : vision vs. attention⚠️
La capacité attentionnelle et les mouvements oculaires sont étroitement liés. En effet, lors de l’exploration d’une scène visuelle, les objets qui attirent l’attention d’un individu correspondent aux endroits où se pose son regard. Une saccade oculaire est à la fois un mouvement des yeux et un déplacement de l’attention du sujet (Wardak & Duhamel, 2004).
Dès lors que nous mobilisons notre attention en observant activement notre environnement, nous utilisons un balayage visuel.
Voyons un exemple à expérimenter ci-dessous : trouver l’anomalie en moins d’une minute !
👏 👏 La réussite à ce jeu d’observation témoigne d’une stratégie de balayage visuel efficace, d’un maintien attentionnel de qualité ainsi que d’une capacité de discrimination visuelle permise grâce à la visuo-perception que nous allons à présent décrire.
ça a marché pour vous ? 😀
2/ L’aspect visuo-perceptif « comment j’identifie »
La composante visuo-perceptive conduit à la reconnaissance des objets (Irani, 2011) au moyen du repérage de la similitude (ou « constance ») des couleurs, formes et tailles et du produit de cette synthèse d’informations.
Le cheminement neurophysiologique (de l’ afférence visuelle à son intégration corticale) emprunte la voie dite « ventrale » (ou occipito-temporale) permettant la réponse à la question du « QUOI ? » : l’identification. On parle à ce titre de gnosie visuelle.
Identifier un dessin pertinent parmi des distracteurs, percevoir un élément simple dans un ensemble confus, repérer des similitudes…constituent des exemples typiques de tâches visuo-perceptives que l’enfant est amené à traiter quotidiennement à l’école et dans sa vie de tous les jours.
Au moyen de différents tests et épreuves, le psychomotricien compare les habiletés visuo-peceptives de l’enfant avec les performances attendues au regard de son âge de développement.
Selon les outils d’évaluation, nous veillons à différencier ce qui relève du perçu (en lien avec l’équipement visuo-perceptif) de ce qui relève du connu (en lien avec le niveau de vocabulaire de l’enfant).
La rééducation porte sur l’analyse visuelle (verbalisation de ce que l’enfant perçoit), le renfort de l’attention, la proposition d’exercices spécifiques (jeux au bureau de type « cherche et trouve », jeux des différences…) ainsi que l’adaptation de matériel si nécessaire (feuilles avec lignage contrasté, etc.).
Extrait d’un test pour enfant : désigner quels éléments de l‘encadré composent la figure globale
L’univers des énigmes fait souvent appel aux compétences visuo-perceptives comme ci-dessous où trouver le bon nombre de triangles dépendra de votre bonne discrimination visuelle (constance des formes) dans un ensemble complexe.
3/ L’aspect visuo-spatial « comment j’oriente et localise »
Le traitement visuo-spatial est une fonction mentale impliquée dans la distinction, par la vue, de la position relative des objets dans l’environnement ou par rapport à soi (OMS, 2001). Il assure la capacité à se représenter et à analyser l’espace (en 2D ou en 3D) et intervient dans la rotation mentale ainsi que la perception spatiale du mouvement.
L’analyse visuo-spatiale porte sur la topologie (le sens et les rapports entre les éléments de l’espace telle la position, orientation, direction, dimension, relation, intrication, distance). Elle nous permet de projeter à l’extérieur nos repères spatiaux de façon à pouvoir structurer mentalement l’espace qui nous entoure (par exemple s’imaginer dans une pièce tout en situant l’emplacement des pièces avoisinantes ; suivre un plan sur une carte, etc.).
Le cheminement neurophysiologique (de l’afférence visuelle à son intégration au niveau cortical) emprunte la voie dite « dorsale » (ou occipito-pariétale) permettant la réponse à la question « OÙ ? » : la localisation.
⚠️ Par volonté pédagogique nous isolons les différents aspects neuro-visuels dans nos descriptions mais ils sont en réalité tout à fait intriqués ⚠️
Illustrons cela par l’exemple ci-dessous : identifier le carré le plus proche de la sphère
En quelques instants, différentes composantes se sont mobilisées en coopération :
➡️ L’exploration visuelle est enclenchée au moyen de saccades (la cible étant fixe) et de fixations successives (domaine oculomoteur).
➡️ La capacité d’identification de la forme (domaine visuo-perceptif) et de reconnaissance des objets (domaine des gnosies) est impliquée en discriminant les éléments les uns des autres.
➡️ Le traitement visuo-spatial est particulièrement sollicité compte tenu du besoin de localisation des objets, d’orientation et de structuration spatiale, nécessaire à l’évaluation de leur distance relative.
En toile de fond, la mémoire de travail conserve les informations pertinentes de la consigne (la « boucle phonologique » – Baddeley, 1974) et l’attention visuelle assure le maintient de la concentration sur la tâche sans se laisser distraire.
Le psychomotricien porte une attention toute particulière à la façon dont l’enfant s’organise dans l’espace
Par des mises en situation et dispositifs ludiques, il renforce :
– les repères spatiaux corporels afin de consolider le référentiel de base (le « corps propre », à partir de l’axe corporel notamment).
– l’orientation spatiale (exercices impliquant les notions d’horizontalité, de verticalité, de rotation, de repérage droite/gauche, de symétrie…dans l’espace environnant comme sur l’espace graphique).
– l’organisation topologique (exercices nécessitant de situer les éléments visuels les uns par rapport aux autres, percevoir leur position relative, etc.).
– l’aspect « gnosique » de nomination des éléments (notamment auprès des personnes âgées ou avec lésion cérébrale spécifique).
– les processus métacognitifs d’analyse visuelle de la tâche de perception spatiale par la verbalisation et d’éventuelles stratégies organisationnelles.
Après la compréhension des notions visuo-perceptives et visuo-spatiales (correspondantes plus particulièrement au traitement cérébral de l’information visuelle), voyons à présent les débouchés moteurs, consécutifs à cette prise d’information.
4/ L’aspect visuo-moteur « comment je fais par rapport à ce que je vois »
C’est la fonction qui règle et ajuste les mouvements d’après les informations provenant de la vision (Larousse).
Il s’agit de l’association entre les aptitudes perceptives et l’activité motrice coordonnée (Korkman et al., 2003).
La coordination visuo-motrice renvoie ainsi à « la capacité d’un organisme à transformer des données visuelles en mouvements adaptés » (Jeannerod, 1994, p. 217). Certains auteurs parlent d’intégration visuo-motrice (Ruel, 1981).
Nous ciblons les exercices perceptivo-moteurs conciliant informations visuelles et kinesthésiques vers une finalité fonctionnelle (pour améliorer le graphisme par exemple).
⚠️Remarque : coordination oculo-manuelle vs. visuo-motrice⚠️
Par soucis de précision sémantique, nous nuançons le terme oculo-manuel qui sous-tend la coopération motrice entre l’oeil et la main (saisir, pointer, manipuler…) du terme visuo-moteur qui sous-tend l’aspect praxique et de programmation gestuelle que la tâche requiert (effectuer un tracé sans dépasser des bords ou enfiler une perle par exemple).
Ces notions ont toute deux pour but le contrôle moteur mais à différentes échelles et restent dépendantes de l’intégrité de l’oculomotricité et de l’intégration des données visuo-spatiales et visuo-perceptives.
5/ L’aspect visuo-constructif « comment je construis »
Cette compétence est sollicitée dans les situations associant la perception visuelle aux capacités de construction graphique (dessiner, recopier…) et/ou d’assemblage d’objets (assemblage de cubes, légos, puzzles, mosaïques ; faire du bricolage…).
Lezac (1995) décrit la performance constructive comme l‘association d’activités perceptives avec une réponse motrice et toujours une composante spatiale.
Les fonctions visuo-constructives résultent des habiletés visuo-perceptives et visuo-spatiales et requièrent de la planification (Desmarais et al, 2004).
Cette capacité peut s’effectuer en spontanée (modèle visuel interne) ou à partir d’un modèle (image visuelle externe).
⚠️Remarque : La dyspraxie visuo-spatiale (DVS)⚠️
Pour Albaret et Chaix (2013), la DVS serait une forme particulière de dyspraxie visuo-constructive (trouble du geste intervenant dans les assemblages et construction) associée à des troubles du regard (notamment de poursuite oculaire) ainsi que des difficultés de structuration spatiale.
On comprend alors pourquoi recopier un schéma du tableau à sa feuille est si complexe pour l’enfant DVS. Certains (Mazeau, 1995) parlent de « modèle toxique » pour désigner cette difficulté.
Chokron (2015) envisage quant à elle que les troubles neurovisuels peuvent être à eux seuls responsables des troubles praxiques, tant la vision sert d’appui dans le contrôle postural et les aptitudes psychomotrices de l’individu.
⚠️Remarque : dyspraxie vs. TDC⚠️
Les dernières recommandations INSERM (2020) encouragent à moins se préoccuper des sous-types de dyspraxies finalement peu discriminantes et non consensuelles à l’international pour englober tous les troubles praxiques sous l’appellation des Troubles du Développement des Coordinations (TDC) malgré les différents modèles théoriques pouvant s’y rattacher.
Le soin psychomoteur cible l’amélioration de l’organisation et l’automatisation gestuelle tout en y associant souvent guidance parentale et préconisations pédagogiques, sans omettre le renfort de la confiance et de l’image de soi souvent dévalorisées.
La dimension de plaisir à manipuler et/ou à investir corporellement l’espace par le mouvement accompagne ces pistes de rééducation.
Remarque : Si tous les aspects décrits sont enchevêtrés lors de leur mise en action, ils ne sont pas confondus pour autant dans la rééducation. En effet, si un trouble visuo-spatial et/ou visuo-perceptif risque fortement d’entrainer des difficultés constructives, un trouble visuo-constructif n’inclut pas nécessairement de déficit visuo-spatial si la seule difficulté réside dans la planification de la construction.
5/ Modélisation récapitulative
Nous proposons une modélisation (largement inspirée de la représentation de Chaix et Albaret de 2013, eux-même s’appuyant sur Irani, 2011) reprenant l’ensemble du processus perceptivo-moteur : du traitement périphérique (permettant d’extraire efficacement des informations issues de l’environnement) à la réponse motrice (permettant de produire une réponse adaptée aux contraintes) en passant par les traitements corticaux.
Nous mentionnerons quelques tests associés aux fonctions sollicitées, figurant souvent dans le bilan psychomoteur selon l’âge de l’enfant.
Concernant l’évaluation nous mentionnerons enfin la batterie EVA (2009, Vilayphonh, Chokron & al), destinée à l’ensemble des professionnels de santé et utile pour le repérage de troubles neurovisuels chez les enfants entre 4 et 6 ans.
* réponse : 8 triangles 🙂
En espérant vous avoir permis d’y voir plus clair !
Aurélien D’Ignazio, psychomotricien D.E et Master
Bibliographie
Baeldey, A., Hitch, G. (1974). Working Memory, vol. 2, Academic Press, , 47–89.
Chaix, Y. & Albaret, J-M. (2013). Trouble de l’Acquisition de la Coordination et déficits visuo-spatiaux. Développements. 2013/2 n° 15, p. 32-43.
Chokron, S. (2015). Approche neuropsychologique des troubles neurovisuels chez l’enfant. Rev Neuropsychol 2015; 7 (1): 41-9.
Desmarais, G., Kaplan E.& Nollin P. (2004). Évaluation neuropsychologique pédiatrique et neurotraumatologie. In Nollin P. & Larent J.-P. (Eds), Neuropsychologie, cognition et développement de l’enfant (pp. 9-82). Sainte-Foix : Presse de l’université du Quebec.
Irani, F. (2011). Visuospatial ability. In J.S. Kreutzer, J. DeLuca, & B. Caplan (Eds.), Encyclopedia of clinical neuropsychology (pp 2656-2656). New York : Springer
Jeannerod, M. (1994). Le geste et l’action. In X. Seron & M. Jeannerod (Éds.), Neuropsychologie humaine (pp. 217-253). Liège : Mardaga.
Korkman, M., Kirk, U. & Kemp, S. (2003). NEPSY : bilan neuropsychologique de l’enfant. Paris : ECPA.
Lezak, M. (1995). Neuropsychological assessment, 3e édition Ed. Oxford University Press.
Mazeau, M. (1995). Déficits visuo-spatiaux et dyspraxies de l’enfant : du trouble à la rééducation. Paris: Masson.
OMS (2001).Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé. Genève : WHO.
Ruel, P.-H. (1981). Intégration visuo-motrice et troubles d’apprentissage : perspectives présentes et prospectives. Revue des sciences de l’éducation, 7 (1), 97–113.
Vilayphonh, M., Cavezian, C., Laloum, L., de Agostini, M., Watier, L., Vasseur, V., Chokron, S. (2009).Batterie d’évaluation des troubles visuo-attentionnels chez l’enfant de quatre à six ans. Neuropsychol. 2009 ; 1 (2) : 1-11.
Wardak, C., Duhamel, J-R. (2004). Contrôle du mouvement du regard. Medecine/science 2004; 20: 89-97.
Webographie
Voies visuelles afférentes, traitement de l’information visuelle et pathologies
Thèse ouverte : Saccades oculaires, adaptation sensori-motrice et attention visuo-spatiale
Pour compléter :
Tres interessant. Merci
Document très instructif et bien documenté / il traite de différents points visuels qu’il est important de bien comprendre pour les suivis scolaires et thérapeutiques.
Article très bien construit et didactique sur un sujet qui peut sembler complexe, je m’en servirai pour mes collègues médecins. Bravo et merci!
Merci de votre retour ! 🙏
Bonjour nous sommes une jeune startup issue du CNRS et nous travaillons à développer un outil numérique d’évaluation des stratégies d’explorations visuelles et visuomotrice via une interface tactile.
Cela nous a beaucoup intéressé.
Merci
Team Sibius
http://www.sibius.eu
Tant mieux 👍
N’hésitez pas si besoin de testeurs 😉
Aurélien D’Ignazio
Merci Aurélien. Super récapitulatif, ça permet vraiment d’y voir plus clair (oui, mon sens le plus développé c’est la vue.. 🤓)! En tant que psychomot ça m’est très utile et me donne des pistes de réflexion.
🙏 Tant mieux !
Merci pour ce travail efficace et très clair! Merci de nous partager ce travail
Avec plaisir, bonne continuation !
Merci infiniment pour ce partage !!
Merci de ce retour !
Très intéressant et clair merci!
Merci ma chère Lucie 😉🙂
Bonjour. Tres intéressant et documenté. Je me pose la question à la lecture de cet article rédigé par un psychomotricien de la singularité et difference du metier de psychomotricien par rapport à celui d’ergotherapeute? merci
Bonjour,
Merci de votre retour.
À mon sens et dans le cadre d’activité en libéral auprès d’enfants avec troubles des apprentissages (pour faire vaste) et pour collaborer avec plusieurs ergothérapeutes, je constate surtout des champs de recouvrement que des différences flagrantes dans le champ de la rééducation.
Bien sûr, chaque corps de métier conserve des spécificités et des champs théoriques parfois nuancés mais au regard du fait que nous pouvons utiliser les mêmes tests, que nous sommes cités de façon accolée dans les recommandations de bonne pratique et que nous pouvons lire la même littérature scientifique, etc. Je ne suis pas sur que sur la questions des troubles neuro-visuels, de leurs signes d’alerte et du renforcement du domaine visuo-spatial, nos pratiques nous différencient énormément (sachant de plus que psychomot’ comme ergo’ français auront tendance a rediriger en cas de doute vers les spécialistes adaptés tels que orthoptiste ou ophtalmo).
Bonne journée à vous.
Bonjour,
Merci bcp pour votre article vraiment très intéressant. Où placer le test des Trajets aux sols d’Agostini par rapport à ce modèle ? Plutôt dans le traitement visuo-spatial ou alors dans le visuo-moteur ?
Bonjour,
Le test des trajets au sol d’Agostini n’ayant pas pour vocation première d’évaluer une ou plusieurs composantes neuro-visuelles en particulier, je ne trouve pas que la réponse à votre question coule de source 😅.
Néanmoins on pourrait dire sans prendre trop de risques qu’il existe une composante visuo-perceptive sous jacente (comme dans la plupart des tests cela dit…), mobilisée pour identifier les points et les lignes des plans et du visuo-spatial pour discriminer les orientations.
L’intérêt du test réside surtout dans le passage d’un « espace perceptif » (la lecture du plan) à un « espace d’action » (les déplacements dans l’espace ), impliquant pour l’enfant la capacité à se décentrer.
Etant donné qu’il ne faut pas suivre un marquage au sol précis nécessitant un contrôle du geste permanent guidé par le regard permanent (la mémoire de travail visuelle est par contre sollicitée), je ne ferai personnellement pas de focus sur l’aspect visuo-moteur.
Si je résume les aspects en jeu, je dirai : du visuo-perceptif, de la décentration et bien sûr de l’orientation spatiale (pour faire plus large) pour parvenir à se repérer : j’identifie un point de départ, je me positionne en tant que référentiel et je m’organise dans l’espace pour effectuer le trajet.
La capacité de rotation mentale est par ailleurs intéressante à estimer dès lors qu’on tourne le plan dans ses mains par exemple pour parvenir à mieux se situer (surtout dans les trajets complexes).
Bonjour ! Article très intéressant avec un déroulé très fluide. Je m’interroge cependant, en lien avec la passation et la rédaction de bilan, à la différence des termes oculo-manuel et visuo-motrice. Au final, au sein d’un bilan avec des enfants d’âge scolaire, quand pouvons-nous parler uniquement de coordination oculo-manuelle ? (j’ai en tête les échanges de balles) et de même toutes les activités entraînant une planification et une organisation praxique (tour de cubes, découpage, …) sont-elles d’ordre visuo-motrice ? J’apprécie beaucoup cette distinction mais j’ai la sensation que plus « rien » ne correspond à la coordination oculo-manuelle
Bonjour Justine.
Merci de votre retour encourageant 🙏
Je ne suis pas sur de détenir une « vérité » sur des termes souvent auteurs-dépendants. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une erreur d’employer l’un pour l’autre mais j’ai en effet l’impression que la coordination oculo-manuelle (eye-hand coordination) serait un terme plus global et le terme visuo-moteur (visual motor skills) plus spécifique à la visio-perception combinée à l’action.
J’abonde donc dans le sens vos exemples.
Merci beaucoup pour ce super article bien clair !
Avec plaisir 😉