- Pour mieux comprendre la latéralité
- Les différentes formes de latéralité
- Repères d’âges
- Quelques signes d’alerte
- L’orientation spatiale Droite/Gauche
- Astuces en cas de difficulté persistante de distinction droite/gauche : aides « cognitives » et « matérielles »
POUR MIEUX COMPRENDRE LA LATÉRALITÉ
En grandissant, l’enfant développe une préférence plus marquée pour une de ses mains, qui s’observe principalement lors des manipulations d’objets. La dominance manuelle est la plus évidente et la plus étudiée car elle est déterminante dans les apprentissages (constructions, écriture…). C’est aussi la plus soumise à la pression socioculturelle. Nous retrouvons également des dominances au niveau de l’œil et du pied. L’ensemble de ces préférences spontanées d’un hémicorps par rapport à l’autre fait état de la latéralité d’un individu.
Ces dominances fonctionnelles sont le reflet d’un postulat neurologique : la répartition asymétrique des fonctions des hémisphères cérébraux. Du fait du croisement des voies neurologiques concernées, la mise en action d’une main est régie par la partie du cerveau opposée. De façon simplifiée, l’hémisphère cérébral droit est le siège de la motricité volontaire et d’une majeure partie des perceptions sensorielles concernant la partie gauche du corps et inversement. Ainsi, une main dominante renvoie à un hémisphère cérébral dominant (l’hémisphère gauche chez la majorité des droitiers si vous avez bien suivi !).
Certains scientifiques mettent en avant la pertinence de ce fonctionnement latéralisé du cerveau, utile pour éviter que les deux hémisphères n’entrent en compétition lors du contrôle des mouvements. Ce modèle de fonctionnement permettrait à des processus comme le langage et l’attention d’être traités en parallèle dans les deux hémisphères.
L’ensemble de ces dominances de la main (manuelle), de l’œil (oculaire) et du pied (podale ou pédestre) confère au corps un ensemble d’asymétries fonctionnelles que le développement psychomoteur associé à la maturation neurologique permet d’apprivoiser et de maîtriser progressivement.
L’origine exacte de la latéralité est méconnue mais elle est issue de l’association de différents facteurs endogènes (facteurs génétiques, héréditaires, endocrinologiques…) et exogènes (imitation, pressions socioculturelles, adaptations au milieu…).
Nous comptons 10 % de gauchers dans la population française (ce chiffre peut varier selon les différents pays en fonction des différences d’acceptation sociale de la gaucherie).
LES DIFFÉRENTES FORMES DE LATÉRALITÉ
De nombreuses terminologies sont associées à la notion de latéralité et concernent la plupart du temps la latéralité de la main :
La latéralité de nécessité (ou imposée) existe lorsqu’un des deux membres est paralysé ; l’individu n’ayant alors plus le choix de sa main pour son utilisation quotidienne.
Une latéralité homogène s’observe lorsqu’un individu montre des dominances de l’œil, de la main et du pied, du même côté de son corps.
On parle de latéralité hétérogène (ou croisée), par exemple lorsqu’une droitière de la main est gauchère de l’œil (et pourquoi pas droitière au niveau du pied). À noter que les cas de latéralité hétérogène sont fréquents et non pathologiques.
L’ambidextrie, désignant une habileté égale dans les deux côtés du corps, est très rare contrairement aux idées reçues. Elle est souvent confondue avec une latéralité mal affirmée, sans dominance claire qui se constate chez une personne qui emploie parfois une main, parfois l’autre pour une même action, avec une certaine maladresse.
L’ambilatéralité s’observe lorsqu’une personne préfère réaliser certaines tâches avec une main mais certaines autres avec l’autre main.
La latéralité contrariée concerne principalement les gauchers, lorsque la préférence naturelle a été détournée par l’influence de l’entourage et/ou du matériel à disposition.
Enfin, les psychomotriciens peuvent évaluer une latéralité discordante (ou dyslatéralité) en cas d’inadéquation entre la latéralité neurologique (par l’appréciation des dominances de tonicité) et la latéralité d’utilisation (par l’observation des préférences de manipulation au quotidien). Cette analyse peut confirmer une latéralité contrariée.
Merci à Mélissa Pereira pour avoir partager une visualisation simple du lien entre la dominance d’utilisation des membres et leurs dominances toniques :
REPÈRES D’ÂGE
– lorsqu’à 6 ans aucune préférence manuelle n’est encore observable ;
– en cas de doute entre une ambidextrie prétendue et une latéralité mal affirmée ;
– en cas de suspicion de latéralité discordante (par exemple si l’enfant a choisi d’écrire avec sa main droite alors qu’il manipule préférentiellement les objets avec sa main gauche) ;
– une écriture peu lisible et/ou très lente, accompagnée de maladresse et de tensions musculaires.
En cas de doute, en réalisant un bilan complet, le psychomotricien prendra en compte toute l’organisation motrice de l’enfant (tonus, motricité globale et fine…) tout en considérant les possibles facteurs psycho-affectifs associés afin de savoir comment l’accompagner au mieux dans le processus de latéralisation.
Retrouver dans notre ouvrage :
-être gaucher dans un monde de droitier
-cas particulier de l’écriture de l’enfant gaucher
-préconisations pour parents et enseignants
Orientation spatiale droite/gauche
Une erreur fréquente est de confondre le processus de la latéralité (qui est est l’aboutissement du processus de latéralisation, achevé vers 7/8 ans et lié à la maturation neuromotrice) et la connaissance de sa droite et de sa gauche (provenant des compétences d’orientation spatiale permettant de se repérer dans l’espace environnant : haut/bas, dessus/dessous, droite/gauche…).
Il est néanmoins probable que la latéralité de l’enfant influence sa connaissance spatiale. Un trouble de la latéralité chez un enfant pouvant d’ailleurs souvent s’accompagner d’une difficulté à différencier sa droite de sa gauche.
ASTUCES EN CAS DE DIFFICULTÉ PERSISTANTE DE DISTINCTION DROITE/GAUCHE
Discriminer sa droite de sa gauche devrait être une compétence instantanée due à l’habitude et au ressenti de sa main dominante. Mais pour certains, « tourner à droite », par exemple, ne peut se réaliser sans un temps d’hésitation, voire de confusion, ce qui peut constituer une gêne dans le quotidien.
Voici quelques astuces (cognitives et/ou matérielles), pouvant permettre de déterminer la droite de la gauche si cela n’est pas spontané chez vous. Ces idées sont à tester au cas où l’une d’entre elles pourrait vous faciliter la vie !
Aides cognitives
Elles peuvent permettre – par déduction – d’identifier rapidement sa main dominante (la droite pour un droitier).
– Visualiser la main avec laquelle on écrit ;
– Visualiser la main avec laquelle on serre la main aux gens ;
– Visualiser la main avec laquelle on peut donner un coup de poing avec le plus de force ;
– Visualiser la direction de l’aiguille de la montre indiquant 3 heures (tROIs) pour la droite (dROIte) ;
– Visualiser la lecture ou l’écriture d’une ligne (qui commencera toujours à gauche en français).
Nous précisons que ces astuces peuvent être opérationnelles pour certaines personnes mais peuvent prendre trop de temps de « mentalisation » pour d’autres qui se tourneront d’avantage vers des aides matérielles.
Aides matérielles
Elles peuvent permettre de se repérer par rapport à des éléments placés stratégiquement toujours au même endroit afin de jouer le rôle de rappel.
– Un grain de beauté identifiable ;
– Une montre (placée à gauche la plupart du temps chez les droitiers et inversement chez les gauchers) ;
– Un bracelet ;
– Une bague (à noter qu’une alliance se porte à gauche).
– Le « bonhomme GéDéon »
Pour favoriser la mémorisation chez les enfants, vous pouvez imaginer et/ou dessiner « GéDéon », un personnage amusant et inventé, qui inclut la gauche et la droite sur son visage (à la place de ses yeux) et dans son prénom.
– La « forme avec ses mains »
Une autre astuce ci-dessous, découverte dans le numéro 902 d’Astrapi !
N’hésitez pas à nous indiquer vos petites astuces personnelles en commentaires !
Aurélien D’Ignazio & Juliette Martin, psychomotriciens D.E
Pour aller plus loin :
Albaret, J.-M. (2004). Le développement de la dominancemanuelle. Dans C. Billard, M. Touzin, J.-M. Albaret, P. Gillet et O. Revol (Eds.), L’état des connaissances. Livret 5 : Fonctions non-verbales, p. 21-24. Paris : Signes éditions.
Feldman, D. et Pes, J.-P. (2007). Gaucher ? ou droitier ? : les secrets d’une bonne latéralité. Éditions Jouvence.
Raynal, N., Verschoore, V., Vincent, F. (2010). Généralités sur la latéralité. Évolutions Psychomotrices, vol. 22, n° 89.
Site de référence pour les gauchers : http://www.lesgauchers.com
Matériel ressource pour enfants sur Hoptoys :https://www.hoptoys.fr/gauche-ou-droite-20-outils-pour-developper-la-lateralite-c-3795.html
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